Julien Andlauer. Le circuit Actua, la piste aux étoiles du pilote lyonnais

18 avril, 2023 | LES GENS | 0 commentaires

Texte : Morgan Couturier – Plus jeune vainqueur de l’histoire des 24 heures du Mans, Julien Andlauer arbore aujourd’hui la combinaison de pilote officiel Porsche. Une belle récompense pour le Lyonnais, bercé petit, sur l’asphalte de la piste familiale de Saint-Laurent-de-Mure.

L’instant est rare désormais, presque précieux, tant son calendrier laisse peu de place aux allées et venues entre Rhône et Saône. La saison ayant repris son cours, le talent de Julien Andlauer s’avère trop grand pour Lyon. Il s’exporte aujourd’hui partout dans le monde. Sur les plus grands circuits du globe. Et pourtant, chaque session au volant le ramène inexorablement à ses débuts, ici, à Saint-Laurent-de-Mure, théâtre de ses premiers tours de roues.

« Mon père Stéphane Andlauer (photo ci-dessus au Mans) a repris la piste Actua en 1999 », explique-t-il. Une année sainte pour la famille, Julien Andlauer venant au monde la même année. « Je suis né sur la piste », ose-t-il, avouant s’être « retrouvé très vite les fesses dans un baquet ». Rien de forcé, sa famille le laissant s’essayer au foot comme tennis. Reste qu’à observer son paternel gérer le circuit sept jours sur sept, le Porschiste ne trouva d’autres moyens que limer le goudron pour profiter de celui-ci.

« Au début, c’était un hobby. C’était un peu l’espace de jeu rêvé quand on est enfant. Puis à 11 ans, on a vu que l’on pouvait prendre cela un peu plus au sérieux », expose le pilote. Même modeste, le jeune homme de 23 ans le sait, les heures passées sur la piste familiale ont finalement libéré la vérité : le gamin est bon. Et rapide. Hélas, le sport automobile est une discipline sacrée, où les finances fondent aussi vite que les gommes de pneus. Quitte à fermer quelques portes, faute de partenaires.

« Petit à petit, on a su monter un réseau de personnes qui ont cru en moi, ce qui m’a permis d’évoluer plus rapidement », témoigne le driver local. Une manière de se détacher des karts et des championnats appropriés, pour se concentrer sur des défis bien plus relevés. En monoplace notamment, où la Formule 4 semblait être le point de départ à une carrière dorée. À la différence près que le pilote n’y trouve que peu de satisfaction. Son bonheur se situe ailleurs. Au volant d’une… Porsche.

« Ma carrière, c’est une aventure familiale incroyable »

« Pendant la saison, j’ai eu l’opportunité de faire une course en Porsche Carrera Cup. J’ai passé un week-end de rêve. Alors à la fin de l’année, même si mon père voulait que je rempile en F4, j’ai préféré essayer le championnat Porsche », se souvient-il. Un choix payant, son pari se relevant être également la meilleure option financière. « On avait déjà du mal à rassembler le budget pour la F4 (plus de 100 000€).

L’étape suivante, qui devait être à l’époque, la Formule Renault 2L, coûtait entre 350 000 et 450 000€, quand une saison en Porsche Carrera Cup France s’élevait à 200 000€ », poursuit le jeune rookie d’alors, titré dès sa deuxième année, avec pas moins de sept victoires en 11 épreuves. De quoi capter l’attention du constructeur allemand, avide de recrues prodigieuses dans sa famille. Julien Andlauer est de cette trempe-là. Alors 2018 sera le point de départ d’une nouvelle aventure.

« Un déclic, une année folle », où le Lyonnais ne « touche plus terre ». Et pour cause, si Porsche l’engage en Porsche Super Cup, le Rhodanien enchante la même année, un certain Patrick Dempsey. Propriétaire d’une écurie engagée dans le très relevé championnat du Monde d’endurance, Dr Shepherd lui offre une opportunité délicieuse : un volant aux 24 heures du Mans. Pour le résultat que l’on sait : une couronne de laurier, décrochée avec Christian Ried et Matt Campbell.

« Rouler au Mans, c’est déjà ouf, alors gagner en tant que Français, c’est dingue. Tout était parfait. En redescendant du podium, je savais que c’était la fête des pères, alors je lui ai dit ‘‘bonne fête papa, voilà ta coupe’’. C’était hyper émouvant », livre-t-il, rapportant au passage, le possible doublé échappé l’an passé.

Engagé par Patrick Dempsey pour participer aux 24h du Mans 2023

« En endurance, pour gagner une course, il faut aligner encore plus de planètes », complète-t-il, à deux mois de retenter l’aventure avec « Dr Mamour ». Et de préciser : « Aujourd’hui, il y a un tel niveau, les voitures tiennent tellement que c’est une course sprint de 24 heures. Il faut conduire le couteau entre les dents ». Non sans mal, mais avec la volonté de soulever les foules autant que possible. Jusqu’à vingt fois cette année si possible, le pilote ayant décidé de se concentrer sur le WEC (World Endurance Championship), l’élite de l’endurance.

Le tout, avec pour désir secret, cette volonté de rejoindre un jour, les prototypes du team Porsche officiel. Comme un autre Lyonnais avant lui, un certain Kevin Estre. « Bien sûr que j’ai envie d’y aller, mais il ne faut pas brûler les étapes. Il me reste encore un peu de boulot pour le mériter », aborde-t-il avec l’expérience d’un driver déjà averti. Pas trop fort en entrée pour prendre le virage, laisser couler avant de remettre les gaz, direction la victoire !

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Par : cof4

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